Non désolé je ne suis pas du genre à doucher le premier soir.

Copain, il s'est passé quelque que chose de grave. Mais vraiment, j'en suis encore toute tourneboulée. J'avais réussi à passer huit mois dans un pays hostile sans voir une parcelle de nudité de mon colocataire. L'exploit allait bientôt prendre fin, puisqu'au revoir je vais bientôt être obligée de dire à l'Anglicie. Huit mois à bien prendre garde à ce que la porte de la salle de bain soit bien fermée, et je peux vous dire que c'est une vigilance de chaque instant, on devient un peu ninja, on prend conscience de l'importance cruciale du verrou. Parce que j'ai oublié de vous dire que mon colocataire fou à la soixantaine bien tapée. ( Et ce n'est pas moi qui le. Même si parfois j'en ai bien zenvie. )


Et le drame s'est produit ce soir. Alors qu'en volonté de me mettre vélocement en position horizontale dans mon lit, je me suis dit qu'il serait de bon aloi d'aller se frotter la gencive. Je descends guillerettement l'escalier moquetté de vert bouteille qui donnerait des frissons visuels à Gilbert l'homme des sunlights des tropiques. A ce moment je suis encore innocente, nimbée de mon enfance et de ma naïveté, et nimbée également de mon pige-moi-ça, parce que je ne suis pas du genre à me balader en combinaison de poils dans l'habitat urbain. ( et celle des autres aussi, Urbain n'est pas le seul à en avoir une. )


Je t'avais déjà raconté ici que j'étais maudite de la sexualité des personnes âgées, et je pense que ceci me poursuit encore,et continuera jusqu'à la fin des temps ( que je pensais hier, mais on m'a encore flouée, et je ne sais plus à quel Saint me vouer ( pas à ceux de ma vieille voisine s'il vous plait. )). Je descends donc l'escalier, saute la dernière marche d'un pas leste et alerte ( à Malibu ). D'un geste sûr et sans retenue, je tourne la poignée et ouvre la porte . Et, et, et, ( Dieu me tripote ), que vois-je ? Que zieute-je à l'emporte pièce ? Mon colocataire, de dos ( encore heureux, Dieu dans sa violence et son cynisme garde un semblant d'humanité ), en costume de nudité, se rasant le visage ( Merci encore ) le séant exposé aux regards et surtout au mien qui s'en serait bien passé, pas le moins du monde gêné par mon intrusion impromptue et inopinée.


Ni une, ni douze, j'ai jailli hors de la pièce ( où mon pied léger et imprudent m'avait entraîné ), ai refermé la porte aussi prestement que Dominique voulant trousser la bonne, j'ai gravi les marches à un rythme que mes anciens professeurs d'EPS auraient acclamé d'une standing ovation, et me suis barricadée dans ma chambre, essayant de retenir le mini vomi qui me chatouillait allègrement les amygdales. Mes yeux pleurant des larmes acides me brûlaient, j'ai cru un instant perdre la vue. Et choquée je reste. Je vous le dis en un mot comme en cent. ( Surtout en cent, parce que j'aime bien la description, c'est mon petit côté Honoré de. )




La Licorne Masquée 

Je n'ai rien contre vous, mais s'il vous plait, cachez vos abattis. Par pitié. Ici ou dans d'autres contrées, je crois que je ne supporterai pas plus d'être assaillies par un Klub du troisième âge qui a le courroux contre moi.