mercredi 25 mai 2011

La bave du crapaud n'empêche pas la caravane de passer...

Arrive le moment de l'année où je me gausse intérieurement. Parce que je quitte bientôt l'Anglicie, ça tu le sais, et que conséquemment, je me dois d'écrire une petite bafouille à mes collègues, pour leur dire à quel point j'ai été transfigurée par leur savoir, et comment leur affection m'a réchauffé le coeur durant les longs mois de l'hiver.

Or je pense que si tel avait été le cas, mon palpitant aurait pu geler tel un lapin pris dans les glaces, ils s'en seraient gratté l'oreille avec une patte d'orignal. Alors je ne sais pas trop quoi écrire mais je vais essayer de m'entraîner ici, afin d'avoir un truc bien, qui sonne comme un discours de Prix Nobel avec de l'amour et du coeur. ( Mais pas le mien. )

Cher collègues ( et je parle avec beaucoup de pluriel parce que vu que Gros-Tas est incluse, elle compte pour huit.)
Je veux vous dégoiser le Merci en grande quantité, pour avoir passé ces longs mois à ne pas m'adresser la parole. A considérer mézigue ainsi que mes deux acolytes non-britonnes comme des entités négligeables qui de toute façon allaient se trisser au mois de mai, alors on voit pas pourquoi qu'on s'embêterait à apprendre leur prénom. Merci pour toutes les fois où vous avez paisiblement poursuivi des conversations en ne répondant pas à nos appels apeurés de petits animaux sauvages lâchés sur l'autoroute. 

Merci de ne pas nous avoir indiqué parfois les salles, nous laissant tourner en rond et nous perdre dans un établissement dont l'attribution des numéros de salles a été effectué, sans mentir, par quelqu'un dont les parents devaient être frère et soeur. Merci aussi de nous avoir chapardé nos classes, nous condamnant à errer dans les couloirs en quête d'un vulgaire placard tout en rigolant dans vos barbes ( que vous avez tous et toutes un peu, je dois l'avouer ). 

Merci d'avoir parfois eu la délicatesse de parler de nous en notre présence mais en faisant comme si notre supériorité chromosomique nous rendait imperméable à la compréhension des paroles mélodieuses qui émanaient de votre organe vocal. Il aura peut-être échappé à votre esprit aussi brillant que Dany, que si nous étions en train ( ou à pied, ou en voiture d'ailleurs) de faire semblant d'enseigner dans votre belle contrée, c'est que nous possédions un minimum de connaissance de votre langue. Les autorités compétentes de nos pays de résidence sont sûrement beaucoup moins vif d'esprit que vous, mais ils gardent malgré tout une sorte de logique primaire.

 Merci d'avoir apporté des gâteaux, et de les avoir proposés uniquement aux professeurs à plein temps. Ca c'était bien copain. Merci d'avoir apprécié les gâteaux que nous avions apporté. Ca fait toujours plaisir de voir nos initiatives aussi bien accueillies, surtout quand vous n'aviez aucune idée de qui provenait la subsistance, pourvu que vous puissiez vous en enfourner la moitié du paquet avant les autres. Je vous admire parce que vous avez beaucoup de classe.

Merci de nous avoir si bien vanté auprès de vos étudiants aux manières  si enchantantes qu'ils ont eu la délicatesse de partir sans dire au revoir, ni merci, ni fermez la fenêtre on se gèle les gonades dans cette salle. Merci aussi de leur avoir rappelé que les cours étaient hautement facultatifs, et que de toute manière nous n'avions pas d'autres occupations que de passer quelques heures par jour à les attendre, l'oeil inquiet rivé sur l'horloge, dans la crainte qu'il ne leur soit arrivé un malheur ( qu'ils aient glissé sur un paquet de chips, ou bien que la bibliothécaire les ait enfermé dans la réserve. ) On sait qu'un établissement scolaire est une source de dangers permanents pour les élèves, c’est un environnement dangereux.

Alors pour tout ça, merci, vraiment, je vous oublierai sûrement, ça je peux vous le jurer. Cette année avec vous a été fantastique, hors du commun, au-delà de mes rêves les plus fous. Et ça a été grâce à vous. 

Je tiens à faire également une dernière dédicace aux professeurs des autres départements que les langues, qui ont tout bonnement décrété dès notre arrivée, que nous étions tellement géniales qu'ils ne pouvaient pas se permettre ( par respect pour nous ) de nous adresser la parole, connaître nos noms ( pourquoi être familier avec ces déesses, nous ne les méritons pas, se sont-ils dit ) et même de nous tenir la porte ( A vrai dire, je porte souvent ma cape d'invisibilité en allant à l'école, du coup je ne peux pas leur en vouloir.)  Restez comme vous êtes, ne changez surtout pas. 

La Licorne Masquée 



" Eh Monsieur, seriez bien copain de me tenir la por.. Nan bah laissez tomber après tout, je vais passer par l'autre côté. Ou peut-être par la fenêtre, je ne sais pas encore, je suis un peu foufou aujourd'hui. " ( Si vous ne m'avez pas vu, je suis derrière Harry Cover. Sisi, sur la tapisserie. )

PS : On perd du fan, je m'inquiète, j'ai peur et je pleure un peu. Z'étiez censés faire de la pub, et vous êtes de moins en moins à venir me rendre visite. Je m'interroge : Dois-je arrêter de vous écrire ? Moi qui vous aime, qui croyais que nous étions une famille ... 

1 commentaire:

  1. Il fallait mettre du cyanure d'hydrogène dans les gâteaux que tu leur as apportés, ça leur aurait appris la discipline (et par la même occasion la manière dont se dissout un intestin grêle)(bien trop peu de gens savent ça, c'est regrettable.)
    Mine de rien, ce serait amusant que tu leur écrives réellement ça. Mais en lettres de sang, ça décuplerait l'impact. (Je n'ai pas précisé le sang de qui, évidemment)

    Merci pour ta danse de la joie, elle m'a réchauffé le coeur (à la manière d'un feu de joie)(quand dans ma vie il faisait froid, et tout le toutim). J'ai moi-même encore dans ma tête des envies de polka, de gigue, de valse à 4 temps et de quadrilles endiablés. C'est mon petit côté argentin qui fait que j'ai le rythme dans la peau.

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